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Statuette
UM.ETHN.02943
Nouvelle-Calédonie

Cette statuette anthropomorphe kanak en ronde-bosse présente des proportions anatomiques exagérées (disproportion de la tête, etc.) à travers lesquelles, l'arrondi des formes et des membres confère une certaine douceur à l'ensemble. « La facture et le poli attestent une fabrication ['] ancienne (outillage lithique) » (De jade et de nacre, catalogue d'exposition, Paris, 1990), ce qui place cette statuette kanak parmi les plus anciennes encore conservées aujourd'hui. La tête de la statuette est inscrite dans une ellipse verticale. Le sommet du crâne est lisse. Les oreilles dont la taille a été réduite par rapport à celle de la tête, sont sculptées en relief. Les yeux sont également travaillés en relief et sont insérés dans une surface concave en forme de c'ur dont la partie inférieure est rendue par la bouche à peine esquissée. Le nez quant à lui, est saillant et présente des narines épatées. Le cou, clairement représenté, annonce le reste du corps. Le tronc s'inscrit dans la position prise par les bras de la sculpture. Les bras, plaqués le long du corps, sont délimités par des épaules fortement accentuées. L'attitude générale réside dans le croisement des mains sur le bas ventre (nombril '). On remarquera d'ailleurs la représentation des doigts. Le ventre est bombé. De plus, nous sommes en présence d'éléments sexuels distinctifs : seins, sexe masculin, fesses proéminentes. On serait tenté de conclure que cette statuette présente une ambivalence sexuelle (féminine et masculine) comme cela est le cas pour certaines effigies de l'archipel du Vanuatu (A. BABADZAN, communication personnelle). Les volumes des cuisses et des mollets sont très marqués. Les genoux sont esquissés. Les pieds enfin, sont simples, stylisés et de forme arrondie. Ils constituent la limite inférieure de cette statuette sans socle ou support.

L'usage et la destination de ce type de statuettes restent encore méconnus, d'autant qu'elles ont longtemps été considérées comme étant des curios (création non-traditionnelle à destination des européens) (De jade et de nacre, catalogue d'exposition, Paris, 1990). Cette thèse est néanmoins démentie aujourd'hui par l'ancienneté de certaines pièces (création antérieure à l'arrivée des européens). Les premiers observateurs in-situ ont très peu décrit ces statuettes et, lorsqu'ils l'ont fait, ont fournit des données parfois contradictoires. Pour certains, elles ne revêtaient que peu de valeur pour les membres de leur culture d'origine : « Un jour sur le rivage, j'observai le Roi ayant deux figurines en bois devant lui représentant un mâle et une femelle d'environ neuf pouces de longueur, à qui il paraissait adresser des dévotions. Ces figurines (qui paraissent communes parmi les insulaires) sont cependant très peu estimées, car ils les échangeaient contre n'importe quel article européen qu'il leur prenait fantaisie d'acquérir. » (CHEYNE, 1840 éd. des Publications de la Société d'Études Historiques de la Nouvelle-Calédonie, n°7, Nouméa, 1974) Au contraire, d'autres observateurs mettent en avant le caractère propitiatoire et rituel de ces sculptures considérées dès lors comme idoles : « Un homme de la région d'Oubarche nous apporta, un jour, la petite idole en bois [']. C'était, disait-il, le démon de la pluie[']. Autrefois, cette idole était placée dans une hutte retirée, au milieu de la forêt, probablement près d'un lieu de sépulture. L'indigène raconta que son père allait quérir le petit démon et procédait aux cérémonies nécessaires chaque fois qu'il désirait la pluie.»(Sarasin, naturaliste, anthropologue, 1911-12, dans La Nouvelle-Calédonie', 1917, éd. Georg, Bâle)