MODÈLE ANATOMIQUE DE GORILLE, GRANDEUR NATURE - XIXe siècle Carton-pâte, métal, fibres végétales, verre 111,5x86x220 cm (hauteur avec socle) N° inv. UM.DOR.501 - Classé MH en 1992 Faculté de médecine de l’Université de Montpellier |
En acceptant le don des collections des musées anatomiques de l’Université Paris V-Descartes en 2011, l’Université de Montpellier réunit près de 13 000 objets d’anatomie des XIXe et XXe siècles classés au titre des monuments historiques.
Le modèle anatomique de gorille de Louis Auzoux fait partie de la collection parisienne Delmas-Orfila-Rouvière. Impressionnant par sa musculature et son regard expressif, cet écorché grandeur nature nous montre toute la complexité anatomique de l’animal. Le jeu de comparaisons entre les parties de chair et d’os est possible par la proposition de différents niveaux de dissection.
La bonne relation qu’entretenaient Louis Auzoux et l’Empereur Napoléon III marque l’histoire de la genèse du modèle de gorille. Napoléon III aurait reçu en cadeau diplomatique un gorille femelle du Gabon [1]. Après avoir confié son souhait à l’Empereur de disséquer un grand singe, animal dont l’existence venait d’être révélée en Occident [2], Louis Auzoux reçut, à la mort de l’animal en 1863, le gorille dans un tonneau d’alcool transporté du Gabon par l’entremise de M. de Rayneval [3] l’aide de camp de l’Empereur. Le modèle clastique aurait été achevé entre 1866 et 1867 [4].
En cette période où la théorie sur l’évolution de l’Homme est au cœur des débats scientifiques, il était opportun de diffuser un modèle de grand singe que Louis Auzoux réalise en position debout, à partir de la dissection de ce spécimen.
En 1869 [5], la maison Auzoux propose à la commande, comme pour toutes pièces de grand format, trois modèles de gorille (squelette, incomplet, complet) entre 500 et 3 000 frs. Produit à quelques exemplaires, sa rareté suscite aujourd’hui un intérêt particulier dans les domaines historique, scientifique et du marché de l’art.
Comme il est de coutume pour certains modèles, celui-ci ne présente pas d’inscription visible, la date et la signature devant être marquées à l’intérieur de l’objet. Ses altérations en surface n’entravent pas la lisibilité de l’œuvre ni son esthétisme mais son étude et sa restauration sont néanmoins souhaitables pour documenter ce type de modèle anatomique et assurer la pérennité de cette pièce majeure de la collection.
Cet article a été rédigé par Marie-Angeline Pinail, régisseur des collections au Service du patrimoine historique de l'Université de Montpellier.
[1] Morlot Pauline, Utilisation et sauvegarde des objets pédagogiques des collections universitaires : choix et enjeux de la conservation-restauration de deux modèles anatomiques de gorille en papier mâché, mémoire de DNAP mention conservation-restauration, École Supérieure d’Art d’Avignon, 2011, p. 45.
[2] Degueurce Christophe, Corps de papier : l’anatomie en papier mâché du docteur Auzoux, La Martinère, Paris, 2012, p. 140 et 165.
[3] Morlot Pauline, p. 45
[4] Morlot Pauline, p. 45
[5] Degueurce Christophe, p. 177-178.