Gaetano Zumbo, père de la céroplastie
Cette tête arrive au musée Orfila, à Paris, au moment de la redistribution des pièces provenant de l’Académie des Sciences en 1797 par la Convention nationale. Elle ne correspond néanmoins pas à celle décrite par l’inventaire. L’attribution de la pièce à la période de vie parisienne de Zumbo est cependant cohérente, en raison de la technique employée.
Gaetano Zumbo est un sculpteur d’origine sicilienne reconnu pour sa maîtrise de la céroplastie, une technique de modélisation utilisant la cire. Pionnier dans ce domaine, il a créé des œuvres remarquablement détaillées, souvent de nature anatomique, illustrant les structures internes du corps humain avec une précision scientifique. Gaetano Zumbo travaille tout d’abord pour la puissante famille Médicis, de célèbres mécènes florentins.
Par la suite, il s’associe à Gênes au chirurgien français Guillaume Desnoues (1650-1735) pour créer des modèles anatomiques artificiels, destinés à préserver dans une matière pérenne les observations issues de dissections. Cette technique permet une représentation réaliste des tissus, des organes et des maladies, à une époque où les cadavres sont difficiles à obtenir pour l'étude, contribuant ainsi à l'avancement des connaissances médicales au XVIIe siècle. Un différend mettant fin à sa collaboration avec Guillaume Desnoues, c’est seul que Gaetano Zumbo présente en 1701 à l’Académie des Sciences de Paris une tête anatomique d’une facture proche de celle-ci, qui y fut accueillie très favorablement.
Étude approfondie de l’objet
Cette pièce possède donc un intérêt patrimonial certain dans le cadre de l’histoire de l’anatomie. Pourtant, quand elle se retrouve confiée en 2011 à la Faculté de médecine de Montpellier avec les collections Delmas-Orfila-Rouvière, on sait peu de choses sur sa composition, sa structure interne et la technique employée.
En mai 2019, elle fait l’objet d’études pour mieux la connaître. Une analyse au scanner permet de mettre en évidence que sous la cire se cachait un véritable crâne humain. Le crâne a des caractéristiques morphologiques en faveur d'un jeune adulte, probablement de sexe féminin.
Le modelage en cire se caractérise par un grand souci d’exactitude anatomique, décrivant l’organisation musculaire de la tête dans ses différents plans, superficiels sur le côté droit, et profonds sur le côté gauche.
Le réalisme est accentué par la présence de deux globes oculaires en pâte de verre soufflé et coloré.
Le matériau utilisé est un mélange de cire additionnée d’une huile végétale et de résine de conifère ; la coloration est due à un pigment rouge-orangé très finement broyé, probablement du vermillon. Les couches de cire sont fixées sur un textile permettant une meilleure adhérence au crâne. L’artiste a imité l’apparence d’une tête écorchée : sont visibles les muscles du cou, les tendons qui soutiennent le crâne, les vaisseaux sanguins qui l’irriguent, les cartilages. On peut supposer, en raison des cassures multiples, que cette pièce anatomique fut employée pour des démonstrations pédagogiques, et donc manipulée.
Grâce à ces nouveaux éléments de compréhension, la tête anatomique a pu être restaurée.
L’Université de Montpellier remercie les professionnels qui ont participé à l’étude et à la restauration :
Diagnostic : L. Cadot
Analyse physico-chimique de la matière par chromatographie et pectrométrie de masse, microspectrométrie Raman : Laboratoire N. Garnier
Scanner : Dr S. Mérigeaud
Tridilogy, Clinique du Parc
Restauration : I. Pradier