Sans les métaux notre civilisation n’existerait pas, c’est une évidence. Leurs découvertes, l’âge du bronze et l’âge du fer ont été des étapes-clé dans l’histoire. Au fur et à mesure des siècles, l’homme a sans cesse déployé des trésors d’ingéniosité pour extraire des minerais ces précieux métaux. Néanmoins, malgré leur importance scientifique et technologique, les minerais sont souvent sous-représentés dans les collections de minéralogie. Pourtant, certains sont sortis par dizaines de millions de tonnes ! La faute à qui ? Bien souvent, ces minerais ne «payent pas de mine » ;.). Ces masses denses aux quelques éclats métalliques ne correspondent pas aux critères esthétique et marchand d’une collection de minéralogie classique.
Pourtant, un « minerai indigent », en particulier ancien, est tout aussi exceptionnel qu’une belle pièce de collection. Exceptionnel car il est le résultat de phénomènes géologiques complexes qui ont abouti à une concentration de métaux parfois des milliers de fois supérieure à la concentration moyenne de l’écorce terrestre. En cela, le gisement et son minerai sont, comme le disait le grand gitologue Louis de Launay «quelque chose de spécial », des aberrations géologiques. Le collectionneur peut alors apprécier l’irremplaçable valeur naturaliste et scientifique de ses échantillons tandis que le géologue tente de les replacer dans un contexte plus vaste, bien souvent, afin d’évaluer le potentiel économique d’un gisement.
Si les collections de minerais invitent à une vertigineuse plongée dans les échelles géologiques, elles permettent aussi de se pencher sur l’histoire humaine. En effet, la mine a souvent façonné hommes et paysages, avec des changements de regard selon les époques. Source de prospérité et de construction humaine et sociale, elle est également destructrice et pollueuse. Mais les témoignages de cette histoire minière à travers les anciennes étiquettes, les archives, les cartes postales et les titres de propriété, nous conduisent à d’intéressantes découvertes et bien souvent des rencontres avec des personnages haut-en-couleur.
Un « minerai moche » ouvre donc toujours des chemins inattendus comme le montreront les trois prochaines chroniques voyageuses illustrées par les collections de l’Université de Montpellier.
Vincent Dubost collectionne les minéraux depuis l’âge de six ans. L'émerveillement devant la variété des formes et des couleurs l'ont vite poussé à vouloir percer plus avant les secrets de la matière, et donc à étudier la chimie puis la physique. Il entre à l'Ecole Normale Supérieure de Cachan en 2002. En 2009, il obtient une thèse sur la transition isolant métal induite par le champ électrique dans les isolants de Mott : des matériaux ou la conduction électrique est bloquée du fait de la répulsion entre électrons. Par la suite, voulant toujours explorer plus avant les multiples facettes de la matière, il s'intéresse aux aspects théoriques des isolants de Mott, donne de nombreuses conférences et rédige des articles de vulgarisation dans un spectre allant de la cartophilie minière aux étranges propriétés quantiques de certains minéraux naturels. Il obtient le CAPES de Physique-Chimie en 2015. Il est actuellement bénévole chargé du recollement de la collection de minéralogie de l'Université de Montpellier.